Le 2e film de Bernard Fau

Johann Zarco, l'audace d'un champion

Un deuxième film, comme un deuxième titre de champion du monde est bien plus casse gueule que le premier.

Johann Zarco, l'acteur-héros

Ancien pilote devenu cinéaste je ne pouvais rêver pour mon second film, meilleur héros que Johann Zarco, beau comme un acteur, introverti mais charismatique, doué, intelligent, artiste, sensible à l’histoire du Continental Circus de mon époque et qui avait apprécié mon premier film.

Quand son mentor-manager Laurent Fellon me donna son accord verbal, j’ai foncé sans argent, comme lorsque je démarrais une saison de grands prix. Audace ? Il en avait fallu aussi à Johann pour vivre sa passion en venant d’une famille ignorant tout de la moto.

Je me reconnaissais dans mon acteur-pilote. Je savais ce qu’est être pilote de grands prix. Je comptais sur lui et sur notre film pour trouver la réponse à la suite de la question : c’est quoi être champion du monde ? Je ne savais pas à ce moment là que la vie de Johann allait dicter le scénario de façon magistrale.

La FFM adhère au projet

Le président de la FFM, Jacques Bolle, fut le premier à souscrire au projet : retracer, avec un budget modeste, la saison MotoGP à venir, 2017, la première pour Johann. Il était alors un rookie de 27 ans, au pied de la montagne qu’il rêvait de gravir.

Avec des podiums, des tours en têtes, le titre de meilleur rookie et une place de 5^ème au final, l’objectif de Johann et de son manager était atteint. Mais il me manquait la suite du scénario, et surtout, sa conclusion !

Johann Zarco dans la tourmente

L’association Zarco-Fellon vola en éclats, j’attendais la signature d’un contrat avec la Dorna, unique détentrice des images des courses. Le coût de production s’envolait et la sortie du film reculait !

La signature de Johann chez KTM, une usine qui n’avait pas encore gagné, fut un coup de tonnerre. Je pressentais que le scénario évoluait vers le drame. Johann le transforma en épopée.

Mes poches étaient vides. Mais Johann avait toujours été présent et disponible quelles que soient les tensions qu’il vivait. Chapeau l’artiste. Je devais continuer. Je lançai une souscription qui me permit de continuer. Environ mille personnes s’engagèrent à mes côtes, elles voulaient que ce film voie le jour.

Le tournage reprit, cumulant plus de 100 heures d’images… à réduire à 90 minutes ! Avec une splendide séquence sur le bateau du recordman du monde en apnée statique, Stephan Mifsud, j’avais l’ouverture et la fin du film sur mon héros-acteur aux mille facettes.

Envers et contre tous

Pendant treize mois, douze heures par jour et sept jours sur sept je me mis au montage. Je tombai malade puis attrapai le Covid. Epuisé, je parvins néanmoins à la diffusion en octobre 2020.

La vie avait transformé un projet de film tranquille en traversée épuisante. L’achat des droits d’images à la Dorna explosa mon budget. Mais Johann Zarco avait rebondi et je restai confiant.

En 2021 les mesures sanitaires annulèrent les rassemblements, les salons, et interdirent aux 1000 000 spectateurs de venir acclamer Johann sur le podium du Mans.

Mais fin 2021, le succès de la première confirma que le film était autant celui de Johann que le mien.